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Macro-économie - Flirt avec une année de récession

Commençons par une note très positive. L’année 2023 n’a pas produit la récession globale présupposée par plusieurs économistes il y a douze mois. Et ce, même si les banques centrales ont maintenu des taux élevés beaucoup plus longtemps que l’on s’y attendait. Mais il est clair également que la Réserve fédérale et la Banque centrale européenne (BCE) devaient prolonger une politique des taux plus agressive à cause justement de la solidité de l’économie. Nous avons pu éviter un hiver économique long et rigoureux, mais le danger n’est pas encore écarté. (Danny Reweghs)

Au début de l’année 2022, le président russe, Vladimir Poutine, larguait une bombe sur l’économie mondiale en lançant son attaque insensée sur l’Ukraine, rendant la facture énergétique quasiment impayable pour les ménages et les entreprises, propulsant l’inflation vers des taux de 10 % et plus, et précipitant les chiffres de la croissance économique vers le fond. Néanmoins, après un taux de croissance global de 2,8 % pour 2022 et au moment d’entamer le dernier trimestre de l’année, nous nous attendons à une croissance de 2,5 % pour 2023. C’est moins qu’en 2022, mais très loin du recul redouté au niveau de 1,5 à 2 %, pronostiqué il y a douze mois. Les économistes et les analystes posaient alors un regard trop sombre sur l’économie mondiale. Sous l’effet de la pénurie, le marché de l’emploi s’est avéré très robuste jusqu’à présent tandis que le secteur des services a été très résistant.

Les économistes et les analystes se montrent-ils encore trop pessimistes lorsqu’ils présupposent à nouveau une croissance de l’économie mondiale d’environ 2 % pour 2024 ? Ce serait le taux de croissance le plus faible de la dernière décennie (si l’on exclut 2020, l’année de la covid) et cela signifierait que l’Occident, Union européenne en tête, flirterait avec une année de récession. La bonne nouvelle est qu’après plus de 7 % d’inflation en 2022 et après un pronostic de 4,5 % pour 2023, l’inflation continuerait à reculer et avoisinerait 3 % en 2024.

La priorité absolue pour l’UE reste d’éviter la récession

La zone euro parviendra à éviter de justesse une récession (il en est question à partir de deux trimestres consécutifs de croissance négative) en 2023 et ce, non pas grâce mais malgré les performances de l’Allemagne. En effet, selon les derniers pronostics, 2023 sera bien une année de récession pour l’Allemagne, avec -0,2 % de croissance économique contre +0,6 % à l’échelle de la zone euro. Sous cet angle, les prévisions pour la zone euro il y a douze mois (estimation moyenne entre 0 et 1 %) étaient bien correctes. La renaissance décevante du marché des exportations chinois et l’explosion des coûts, sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie notamment, ont fait émerger l’image d’une économie allemande ‘malade’. Les cris d’alarme lancés par l’industrie automobile allemande (dont la présence n’est plus dominante à l’ère des véhicules électriques) en sont l’illustration.

La priorité absolue pour 2024 reste identique : éviter une récession (profonde). Les prix de l’énergie sont très volatils et les deux conflits des deux dernières années (Ukraine et Israël) montrent la dépendance énergétique trop grande de l’Europe vis-à-vis de régions instables. La nouvelle positive est que l’inflation sera mieux maîtrisée en 2024 (se rapprochant même de l’objectif de 2 % de la BCE) de sorte que l’explosion des prix prendra fin.

USA : un ralentissement plus marqué

Les États-Unis entrent dans une année électorale et cette nouvelle période électorale promet d’être à nouveau très agitée. Quoi qu’il en soit, ce ne sera pas une année où les autorités américaines vont serrer la ceinture, ce qu’elles ne font d’ailleurs plus depuis de nombreuses années. Mais il ne faudrait pas pour autant en conclure que l’économie américaine se maintiendra de toute façon.

Selon les derniers pronostics, l’économie américaine conserverait même un taux de croissance proche de celui de 2022 (environ 2 %). Ce qui renforce aussi la probabilité que l’économie américaine connaisse un ralentissement plus marqué que l’UE, par exemple. Les prévisions moyennes pour l’économie américaine annoncent encore une croissance inférieure à 1 % pour 2024, un taux plus ou moins comparable à celui de la zone euro.

Il s’agit évidemment d’une conséquence directe de la politique monétaire beaucoup plus agressive menée par la banque centrale américaine, qui a relevé le taux de base jusqu’à plus de 5 %, alors qu’un maximum de 4 % était envisagé il y a douze mois. L’objectif étant de pouvoir à nouveau maîtriser l’inflation, ce qui conduira normalement l’économie américaine à poursuivre son ralentissement.

Chine : viser la reprise économique

2023 aurait dû être l’année de la résurrection économique pour la Chine. Mais la renaissance n’aura été que partielle. La persistance de la crise immobilière, le déclin de la confiance des consommateurs et l’essoufflement des exportations n’ont pas permis à l’économie chinoise de retrouver l’élan de croissance d’antan. Et les économistes ne tablent pas non plus sur une amélioration spectaculaire pour 2024 (environ 4,5 %), bien que nous devrions avoir dépassé la période où la croissance chinoise n’atteint même pas le taux moyen des pays émergents (4 %). Avec 2 %, le taux d’inflation s’établirait sous la moyenne internationale.


L’année boursière 2024 peut comporter un point de basculement

Nous avions indiqué que nous n’étions pas trop pessimistes pour l’année boursière 2023, après une année 2022 très difficile sur les marchés à cause du cocktail formé par l’inflation vertigineuse et les hausses de taux agressives décidées par les banques centrales en réaction. La crainte d’une récession s’est avérée (pour le moment) prématurée et la plupart des bourses restent dans le vert alors que neuf mois se sont déjà écoulés en 2023. Mais le niveau élevé des taux (aussi à court terme) reste un fait et commence malgré tout à peser sur les marchés des actions. Notre avis est donc clair et net. Nous pensons qu’il y a de la marge pour une baisse intermédiaire du taux à long terme, mais elle est absolument nécessaire pour maintenir la tendance des bourses à la hausse. Si le taux à long terme continue à augmenter aux USA et ailleurs, 2024 sera une année boursière très difficile (pour ne pas dire mauvaise). En revanche, si le taux à long terme diminue et si les résultats des entreprises conservent plus ou moins le même niveau, on pourrait très bien voir des cours atteindre de nouveaux pics et aborder l’année positivement. Mais même si nous connaissons un début d’année favorable, il ne sera pas évident de conserver cette tendance positive pendant toute l’année.  

(Rédaction :11 octobre 2023) 


Cet article est paru dans le Top 5.000, qui est disponible en PDF.

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