Edito Top 5.000 - Inversion des rôles
Au fil des crises, deux difficultés gagnent en importance dans les analyses SWOT des entreprises : la guerre pour les (jeunes) talents et l’importance de concilier l’humain, la planète et le profit. Les deux sont plus imbriquées que jamais car les jeunes diplômés ne se positionnent plus comme ma génération sur le marché du travail. À nos débuts, si notre premier emploi ne répondait pas vraiment à nos attentes, nous attendions de voir de quel côté viendrait le vent, quitte à rester sagement auprès de notre employeur jusqu’à l’âge d’une retraite bien méritée.
Ainsi, beaucoup excellent dans l’art d’ignorer le moment présent, les yeux rivés sur un bonheur à venir. Et tandis que l’un végète les ailes coupées dans sa cage dorée, l’autre court comme un lapin après cette douce carotte. À l’approche de la retraite, nous nous ruons massivement vers les multiples issues de secours aménagées dans la maison carrière au cours des années. Nous sombrons vers 600.000 malades de longue durée. C’est lors de la Journée mondiale de la Santé mentale que le gouvernement s’est félicité du ralentissement de la croissance du nombre dans son discours sur l’état de l’Union…
Ajoutons-y le nombre élevé d’inactifs entre 21 et 65 ans qui ne se présentent pas sur le marché de l’emploi et environ 200.000 postes vacants. Il en résulte une discordance infinançable entre les recettes et les dépenses dans notre sécurité sociale, une ambition gouvernementale (taux d’emploi de 80%) qui a tout d’une utopie et un marché du travail sens dessus dessous par rapport au passé.
Plus lettre morte
Les jeunes considèrent qu’ils ont le vent en poupe et qu’ils peuvent mettre les voiles à leur gré pour connaître plusieurs vies professionnelles. Alors que nous sollicitions en masse pour décrocher un emploi rare, les entreprises se donnent toutes les peines du monde aujourd’hui pour pourvoir un poste vacant. L’inversion des rôles est manifeste dans les lettres de candidature. Et une fois l’oiseau rare pris dans ses filets, la bataille est loin d’être gagnée pour l’employeur. Car il ne lui suffit plus de dire ce qu’il fait, il doit aussi faire ce qu’il dit pour garder les nouvelles recrues à son bord.
En plus d’une rémunération compétitive, la flexibilité, l’équilibre travail/vie privé et la durabilité dans tous les domaines figurent au sommet de la liste des desiderata. Ce sont donc les éléments standard d’une offre conforme au marché, tandis que les objectifs de l’entreprise sont suspendus aux SDG et principes ESG désormais incontournables. Il y a une autre raison pour laquelle l’importance accordée à ces acronymes magiques ne peut plus rester lettre morte. La Corporate Sustainability Reporting Directive entrera en vigueur le 1er janvier. Cette nouvelle directive impose aux entreprises européennes de se montrer transparentes sur l’impact sociétal et écologique de leurs activités. Au début, seules les grandes entreprises devront établir un rapport. L’obligation s’étendra ensuite aux PME.
Chez Trends Business Information, nous suivons de près l’évolution ESG. Nous analysons les bilans sociaux concernant la formation et l’égalité des chances, nous suivons les médias, nous épluchons les rapports et les procès-verbaux, nous relevons les investissements comme les panneaux solaires et l’électrification du parc automobile, nous intégrons les agréments, les labels ou les récompenses, etc. Comme d’habitude, nous traduisons tous ces éléments distincts en tableaux de bord accessibles et en avis pertinents. À suivre.
Tommy Browaeys - Publisher