Usine d’équipements de salles de bains climatiquement neutre
Au Canada, Duravit construit actuellement la première usine neutre en carbone au monde pour la fabrication de produits sanitaires en céramique. Au cœur du site : un four tunnel électrique révolutionnaire, alimenté par l’énergie hydraulique. (Dimitri Dewever)
En tant que spécialiste des salles de bains et des sanitaires design, Duravit prouve que, moyennant de bonnes conditions, une production neutre en carbone est déjà possible aujourd’hui, même pour les industries gourmandes en énergie. L’entreprise construit actuellement la première usine de céramique climatiquement neutre au monde, à Matane, dans la province de Québec au Canada. La nouvelle installation canadienne créera 240 nouveaux emplois. Les premiers produits sanitaires en céramique, tels que des toilettes et des lavabos, sortiront des chaînes de production au début de l’année 2025. « La production se fera exclusivement avec de l’énergie renouvelable provenant d’une centrale hydroélectrique située à proximité », explique Jan Rymen, directeur général de Duravit BeLux.
Pour le processus de cuisson, Duravit utilisera le premier four tunnel électrique au monde, alimenté par de l’électricité produite à partir de l’énergie hydraulique. L’utilisation de cette technologie innovante permettra d’économiser environ 11.000 tonnes de CO2 par an par rapport à une usine de céramique conventionnelle utilisant des fours à gaz. Comme il s’agit de la première usine de Duravit sur le continent américain, les produits ne devront plus y être acheminés depuis d’autres régions du monde. « Tout d’abord, nous avons minutieusement choisi l’emplacement de la nouvelle usine afin de pouvoir produire de manière climatiquement neutre », poursuit Jan Rymen. « Nous trouverons et achèterons à proximité du site la plupart des matières premières nécessaires à la production de céramiques, notamment l’argile et le sable. Les distances de transport seront donc très courtes. Ce qui, à son tour, permettra de réduire les émissions et de créer une chaîne d’approvisionnement plus respectueuse de l’environnement. »
Technologies innovantes et collaborations
Lors de la conception et de la préparation du nouveau site de production, Duravit a travaillé en étroite collaboration avec SCAMI, un fabricant italien de machines et d’équipements pour la céramique. Cette collaboration a finalement abouti au développement conjoint d’un four tunnel électrique qui permettra de cuire les céramiques. « Auparavant, la technologie des fours électriques était inutilisable pour le secteur sanitaire ; les céramiques sont traditionnellement cuites à des températures supérieures à 1.000 °C », souligne Jan Rymen. « La collaboration stratégique avec notre partenaire italien a permis aujourd’hui d’obtenir un nouveau type de four qui répond pour la première fois à toutes les exigences. »
Grâce à l’utilisation de sources d’énergie renouvelables telles que l’hydroélectricité, la production de céramiques au Canada n’émettra aucune émission de CO2. « Nous aurons un accès illimité à l’énergie verte de la centrale hydroélectrique voisine ». Duravit est ainsi le premier fabricant de céramique à pouvoir produire totalement de manière climatiquement neutre, grâce à un processus de cuisson électrique. Les pièces céramiques qui seront produites au Canada seront principalement destinées au marché nord-américain. « Il n’est donc pas question de transporter par la suite nos produits fabriqués de manière climatiquement neutre par bateau vers l’Europe ou l’Asie », explique Jan Rymen. « Cela irait complètement à l’encontre de notre stratégie de développement durable. »
Aide publique
Pour la réalisation de ce projet, le gouvernement canadien accorde au fabricant de salles de bains design une contribution remboursable de 19 millions de dollars (13 millions d’euros) dans le cadre du programme Croissance économique régionale par l’innovation (CERI) de l’Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. De son côté, le gouvernement du Québec accorde un prêt de 11 millions de dollars (7,5 millions d’euros) dans le cadre du programme ESSOR, géré par Investissement Québec, son représentant.
Christopher Skeete, ministre canadien de l’Économie, résume ainsi la situation : « Il s’agit d’un projet important qui répond à nos objectifs de remplacement des importations et d’augmentation de la productivité grâce à l’automatisation des processus. » François-Philippe Champagne, ministre canadien de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, déclare que cet investissement est conforme à la vision économique d’un avenir plus vert. « De plus, ce site créera également des emplois dans la région. »
Un modèle duplicable en Europe ?
Duravit n’exclut pas que cette méthode de production — un site proche de la chaîne d’approvisionnement, une production avec de l’électricité verte via un four à céramique électrique et une collaboration avec des partenaires locaux — puisse être reproduite à l’avenir sur d’autres sites industriels. Aujourd’hui, l’entreprise est présente dans 130 pays. « En Europe, de tels sites sont plus rares, mais pas exclus », indique Jan Rymen. « Dans notre région aussi, nous allons continuer à nous engager fermement dans les efforts d’innovation et de durabilité dans les années à venir. » Par exemple, l’usine de meubles en Allemagne fonctionne déjà en grande partie à l’énergie solaire et ce système photovoltaïque sera bientôt étendu.
Malgré leurs efforts, de nombreuses entreprises sont encore aux prises avec des émissions inévitables de CO2 et se tournent donc vers une forme de compensation, telle que la plantation de forêts dans le cadre de projets à travers le monde. « Nous voulons limiter autant que possible cette approche », déclare Jan Rymen. « Notre principal objectif est de réduire davantage les émissions de CO2, tant au niveau du développement de produits que de la production et de la logistique. » Le premier matériau de coulée minéral recyclable DuraSolid est l’une de ces innovations. Ce matériau est plus léger que la céramique et contribue également à réduire les émissions de CO2 pendant le transport.
Croissance économique et neutralité climatique sont compatibles
Par sa démarche, Duravit prouve avant tout que la croissance (internationale) et la lutte contre le changement climatique ne sont pas antinomiques. Jan Rymen : « Par son action, Duravit établit une nouvelle norme en matière de solutions innovantes dans un secteur caractérisé par une forte consommation d’énergie. Ce faisant, nous espérons inspirer d’autres entreprises et industries à sortir des sentiers battus dans leur secteur pour réaliser des efforts et des réductions d’émissions similaires. » Lorsque l’usine canadienne fonctionnera à plein régime d’ici 2028, elle produira plus de 450.000 produits en céramique par an.