Un jalon pour le secteur de l’imprimerie
L’imprimerie Flex Print, basée à Wilrijk, dévoile la toute première plaque imprimable fabriquée entièrement à partir de matériaux imprimés recyclés, à base de bâches compressées et de chutes de découpe. Une bonne nouvelle pour l’environnement, l’industrie de l’impression et les clients finaux. (Dimitri Dewever)
Spécialisée dans la production et l’installation de banderoles, de panneaux publicitaires, de drapeaux et d’éléments de signalisation, entre autres, Flex Print a d’abord regretté que toutes les chutes de découpe de ses matériaux imprimés ne trouvent aucune utilité. L’imprimerie produit annuellement quelque 200 tonnes de chutes. Grâce à une collaboration avec une entreprise partenaire néerlandaise, une solution prête à l’emploi existe depuis l’été dernier. Sign Again, une nouvelle innovation distribuée par Flex Print dans notre pays, peut être décrite comme une plaque imprimable fabriquée entièrement à partir de matériaux imprimés recyclés.
« Le matériau, à la fois pliable mais résistant, est constitué de déchets de découpe déchiquetés puis compressés et de bâches en plastique mises au rebut », explique Peter Huyghe, gérant de Flex Print. « Nous pouvons l’utiliser, entre autres, pour fabriquer de nouveaux panneaux publicitaires, des panneaux de signalisation et même des structures incurvées. Pour ce faire, nous comprimons 10 mètres carrés de bâche sous haute pression pour former une plaque Sign Again d’un mètre carré. » Ce processus de production circulaire marque un tournant dans la réduction des déchets dans le secteur de l’imprimerie, car les plaques sont à nouveau recyclables après utilisation. Le processus peut donc être répété à l’infini.
L’impression circulaire : innovante et bientôt obligatoire
Trois années de recherche et de contrôle qualité ont été nécessaires pour développer la plaque Sign Again. En concertation avec Flex Print, l’entreprise partenaire néerlandaise a mis au point la technologie et les machines permettant de comprimer les matériaux imprimés usagés en plaques imprimables de 140 centimètres sur 120, sans avoir recours à des additifs. Outre la réduction des chutes de découpe, les anciennes bâches sont également incorporées dans les plaques imprimées circulaires.
« Auparavant, quantité de supports publicitaires et imprimés étaient jetés après usage et finissaient à l’incinérateur », explique Peter Huyghe. « Cela se produisait parfois assez rapidement. Nous fabriquons notamment des bannières pour les stands d’exposition qui ne peuvent parfois être utilisées que pendant un jour ou un week-end parce qu’elles comportent une date ou une promotion temporaire, par exemple. » « Nous ne le faisons pas uniquement par conviction. Dès 2025, cela deviendra une obligation. De nouvelles directives européennes prévoient que dès 2025, tous les produits imprimés devront être composés d’au moins 30 % de matériaux recyclables. »
Rentable et extensible
Cette forme de recyclage est par ailleurs rentable. Le matériau Sign Again est moins cher que le matériau comparable Forex (PVC moussé) et également meilleur marché que le stratifié haute pression (HPL)/Trespa. Actuellement, Flex Print peut produire environ 80 plaques par jour de cette manière. Dans les années à venir, ce nombre augmentera encore. Flex Print collecte les bâches usagées en plaçant chez certains (gros) clients des conteneurs de recyclage, qu’elle récupère une fois remplis. Un concept de consigne est également envisagé. « Cela pourrait inciter davantage les clients à nous renvoyer les bâches après utilisation afin que nous puissions les recycler en nouvelles plaques », indique Peter Huyghe. « Un concept similaire à celui de la consigne sur les bouteilles en verre pourrait encourager ce comportement. Nous sommes en train d’examiner si et quand nous pourrions éventuellement le mettre en place. »
Plusieurs clients de Flex Print sont également très attachés au développement durable et accueillent ce nouveau processus d’impression circulaire avec enthousiasme. C’est le cas de Tomorrowland, dont le spécialiste de l’impression est le point de contact pour toutes les impressions de bâches, panneaux, enseignes, décors et tentes depuis 2005. Le festival a conservé toutes ses bâches des années précédentes en vue d’un processus de recyclage encore à développer. Récemment, Flex Print a récupéré cette collection de bâches pour la recycler. « C’était un conteneur maritime rempli à ras bord ».
« À plus long terme, nous visons une industrie de l’impression et de la publicité 100 % circulaire », poursuit Peter Huyghe. « C’est ainsi que l’impression restera abordable et disponible dans les années à venir. En tant qu’organisation, nous serons donc moins dépendants de ressources qui se raréfient. La plaque Sign Again est la première étape, mais nous pensons que de nombreux autres matériaux suivront. » Grâce à cette philosophie, les déchets d’impression et de publicité finiront par cesser d’exister et se transformeront en nouvelles matières premières circulaires.
Une source d’inspiration pour d’autres secteurs
Ce principe peut-il être appliqué à d’autres entreprises, processus et secteurs ? Peter Huyghe en est convaincu. « Nous allons devoir nous éloigner encore davantage du principe à flux tendu. Si nous voulons parvenir à une plus grande circularité des matières premières, les entreprises et les industries devront planifier beaucoup plus longtemps à l’avance pour que tout soit recyclé et réutilisable. »
Enfin, Peter Huyghe a un conseil à donner aux autres entreprises industrielles désireuses de réduire les déchets dans leurs processus de production. « Malgré les objectifs climatiques et les réglementations de plus en plus strictes, je constate que de nombreuses entreprises continuent à fonctionner comme si de rien n’était. Remettez ouvertement en question vos activités commerciales, soyez plus attentifs à tous les processus, cartographiez tous les flux de matières et recherchez les opportunités : elles sont innombrables. »