Top Industrie - Retour à la réalité
Faut-il leur donner du grain à moudre, à tous ces réalisateurs qui ont filmé les images futuristes les plus folles sous l’étiquette de la science-fiction ? La science en fiction, où se côtoient la connaissance, l’inconnu et l’espoir. Où il arrive que la plus folle des fictions devienne réalité. Face aux messages alarmants sur le changement climatique, la surpopulation ou la fin imminente de notre planète, nous ferions peut-être mieux d’espérer qu’un certain nombre de ces scénarios se traduisent en plans concrets pour sauver l’humanité.
L’un de ces réalisateurs est Ridley Scott, qui nous emmène en 2035 avec son film de 2015 « Seul sur Mars ». Matt Damon y incarne Mark Watney, qui se retrouve seul sur la planète rouge lors d’une expédition martienne qui tourne mal. Ses collègues astronautes et la Nasa le croient mort. Mais Watney survit à l’accident et parvient à faire pousser des pommes de terre sur Mars. « Il paraît qu’une terre est officiellement colonisée dès qu’on y fait pousser quelque chose. » La bataille autour des matières premières de la Lune est déjà lancée tandis que l’exploitation de comètes et météores est aussi écrite dans les étoiles. À qui appartiennent ces corps célestes et faudra-t-il bientôt parler de cosmopolitique et spaceshoring au lieu de géopolitique et reshoring ?
Nourrir la réflexion
Qu’on le veuille ou non, des idées germent pour se rendre là où personne n’est encore allé à ce jour. Ainsi, l’ambitieux projet belge SpaceBakery étudie la possibilité de faire pousser du blé sur Mars pour y cuire du pain. Des nanodrones et l’IA assurent la pollinisation. L’homme et la technologie unissent donc leurs forces. De quoi cesser de cultiver la peur de la robotisation, une peur alimentée notamment par les cyborgs et autres terminators imaginés par ces mêmes scénaristes.
Mais nul besoin d’aller si loin pour trouver l’idée que l’innovation est l’une des clés de notre survie. Elle anime aussi notre pôle industriel classique, condamné à disparaître selon certains alors que d’autres parlent d’un basculement technologique. Les questions abondent : les robots supprimeront-ils du travail ou créeront-ils des emplois (autres), comment rapatrier la production, comment doter nos travailleurs des bonnes compétences, chaîne d’approvisionnement grippée, crise de l’énergie, indexation,… Dans ce contexte, toutes les entreprises ne parviennent plus à gagner leur pain et, tandis que certaines dégraissent, d’autres ne trouvent plus la main-d’œuvre nécessaire à leur croissance.
Relativité
Un examen attentif des chiffres absolus des 2.000 plus grandes entreprises industrielles répertoriées dans ce Top montre que la plupart n’ont pas à dire « Houston, nous avons un problème. » Des classiques comme le chiffre d’affaires total, la valeur ajoutée, le bénéfice et le cash-flow ont le vent en poupe, alors que le nombre d’heures prestées est stable et que les investissements ne reculent que légèrement. Il va de soi que plusieurs de ces chiffres sont influencés par l’inflation et des fusions ou acquisitions. Quelques signaux d’alarme s’allument toutefois dans la salle de contrôle. Ainsi, la solvabilité baisse pour environ la moitié des entreprises. 40 acteurs sont confrontés à une solvabilité négative pour l’exercice 2021.
En 2022, le nombre de faillites au sein du pôle industriel était à peu près le même qu’avant la pandémie. Nous pensons que cette situation est artificielle en raison du moratoire et des diverses mesures de soutien prises autour du Covid-19 et de la crise de l’énergie. Une analyse confirmée par le nombre croissant de cessations spontanées, qui n’a jamais été aussi élevé. Pour beaucoup d’entreprises industrielles qui ont traversé la période écoulée, le retour à la réalité se révèle malheureusement insurmontable.
(Tommy Browaeys - Publisher)
Cet article est paru dans le Top Industrie qui est disponible en PDF.