Les quatre grands défis de la construction
Ces prochaines années, la construction se retrouvera face à une réelle révolution. En effet, le secteur évolue rapidement et se retrouve pour le moment confronté à quatre importants défis. Chacun de ces défis aura de sérieuses répercussions sur les méthodes de construction, mais aussi sur la place de la construction dans l’économie et dans la société. (Contribution Confédération Construction)
Premier défi : « local » viendra désormais avant « mondial ». Depuis deux ans, la crise du coronavirus a largement mis en exergue les limites de notre économie mondialisée. Si les matériaux et la production se trouvent à l’autre bout du monde et que la chaîne d’approvisionnement doit fonctionner en flux tendu, nous sommes vulnérables à la moindre perturbation de la machinerie mondiale. La construction est d’ailleurs actuellement confrontée à des problèmes d’approvisionnement des matériaux, comme le bois, les métaux et les matériaux d’isolation. Peut-être qu’après des décennies de mondialisation, la tendance s’inversera dans les années à venir et des appels seront lancés en faveur d’une production plus locale, dans l’UE. Puis, songeons à la durabilité, le deuxième défi du secteur. Nous devons drastiquement limiter nos dépenses en énergie et en matériaux pour maintenir le réchauffement climatique dans des limites viables. Dans ce cadre, le secteur de la construction pourra jouer un rôle important. Il construit en effet l’avenir, au sens propre comme au sens figuré. Ces prochaines années, la rénovation, mais aussi la construction circulaire et écoénergétique gagneront énormément en importance, avec de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques. Les décisions européennes, comme le « Fit for 55 » ou le « Green Deal », ne permettent pas de faire autrement. Les entreprises de construction sont prêtes pour ce changement, mais cela demandera beaucoup d’adaptation dans la manière dont les plans et les constructions sont réalisés. Le coût de la construction augmentera peut-être en conséquence. Nous devons dès lors nous assurer auprès des autorités que la construction durable reste abordable pour tous.
Les troisième et quatrième défis concernent deux évolutions technologiques qui bouleversent grandement le processus de construction et le business model, à savoir la numérisation et l’industrialisation. La numérisation permettra d’effectuer des entretiens préventifs, de faire fonctionner les bâtiments et les constructions à distance, etc. Et avec l’industrialisation, il faudra beaucoup moins coordonner les matériaux, les travailleurs et les travaux sur chantier; davantage de choses seront préfabriquées en usine et ensuite assemblées sur le chantier.
Bien sûr, ces quatre évolutions auront de grandes répercussions sur les entreprises de construction. Aujourd’hui, notre secteur est surtout composé de PME, mais attendons-nous à un accroissement d’échelle. De nouveaux acteurs arriveront aussi sur le marché. Actuellement, notre secteur est un secteur de projets par excellence, chaque entrepreneur ou installateur est un contractant responsable d’une partie du projet de construction. On pense en termes de chantiers, il s’agit donc de réunir temporairement des personnes et des matériaux pour construire quelque chose. A l’avenir, il faudra penser et travailler en termes de partenariats, sans se contenter de construire quelque chose puis de passer au chantier suivant, mais en restant impliqués à vie dans un bâtiment ou une construction. Cela s’appelle le « Building ou le Housing As A Service ». Les entreprises gagneront de l’argent non seulement sur la construction du bâtiment en elle-même, mais aussi sur son exploitation, son entretien et son recyclage.
Ce ne sera donc pas plus difficile pour les entreprises de construction, mais différent. Les acteurs de la construction devront, encore plus qu’aujourd’hui, établir des partenariats avec d’autres acteurs de la construction et laisser derrière eux cette guerre de chapelle avec les architectes, les promoteurs, les bureaux d’étude, etc. Le secteur devra aussi attirer de nouveaux types de collaborateurs, pour des métiers qui n’existent pas encore. Mais, grâce à ces quatre défis, le travail dans la construction deviendra encore plus attrayant. Plus encore qu’aujourd’hui, nous pourrons proposer des emplois intéressants et bien payés tant aux travailleurs peu qualifiés qu’aux hauts diplômés. Nous aurons besoin de toutes les mains et de tous les cerveaux disponibles. Le secteur n’est en effet pas en déclin. Au contraire, il pourra encore grandir grâce aux investissements dans les infrastructures, les logements et la durabilité. Et cela, alors qu’actuellement déjà, 18.500 emplois vacants sont à pourvoir dans la construction.
La construction en chiffres
En 2021, l’activité de construction a, selon les estimations, augmenté de 8,1% pour les nouveaux logements et ce, après une baisse de 7% en 2020. En 2021, nous avons donc vraisemblablement déjà dépassé le niveau de 2019. On pense que l’activité dans le secteur de la rénovation résidentielle augmentera de 15% sur la période 2021-2022, et ce alors que ce secteur avait déjà connu une hausse en 2020, de 2%. La crise du coronavirus a provoqué une hausse temporaire de la demande en rénovation résidentielle, et les importantes inondations de juillet 2021 seront à l’origine d’un important volume d’activité en 2022.
En ce qui concerne la construction non résidentielle, le volume de bâtiments autorisés (33,6 millions de m³ pour la période allant d’août 2019 à juillet 2020 inclus), a augmenté à 34,9 millions de m³ pour la période allant d’août 2020 à juillet 2021 inclus. Le nombre de permis pour des bâtiments a également augmenté durant cette période : de 6.237 bâtiments entre août 2019 et juillet 2020, à 6.778 bâtiments entre août 2020 et juillet 2021. Si nous regroupons tous les sous-secteurs, nous escomptons une augmentation de l’activité, d’a priori, de plus de 10% en 2021, après une baisse de 4,9% en 2020. Ce chiffre est basé sur l’hypothèse qu’un quart des travaux de réparation post-inondation ont eu lieu en 2021 et ont été effectués par des entrepreneurs. Le nombre d’entreprises de construction a augmenté de 8,9% entre le premier trimestre de 2020 et le deuxième trimestre de 2021, pour atteindre un total de 128.214 entreprises dans le secteur. L’emploi dans le secteur suit lui aussi une courbe ascendante. A la fin du premier trimestre 2021, 207.066 salariés et 90.309 travailleurs indépendants étaient actifs dans le secteur.
Le marché du logement a également connu des changements au cours de ces dernières années. Le nombre de nouveaux logements autorisés entre le 1er août 2020 et le 31 juillet 2021 (58.640, sur l’ensemble du territoire belge), a augmenté de 6% par rapport à la période du 1er août 2019 au 31 juillet 2020 (55.342). Le nombre de maisons unifamiliales a augmenté de 11,4% et le nombre d’appartements de 1,7%. La progression du nombre de nouveaux logements autorisés a été plus marquée en Wallonie, avec une augmentation de 7,4%. En Flandre, cette hausse s’élève à 6,2%, tandis que l’on parle d’une baisse de 15% dans la Région de Bruxelles-Capitale.
Pour le moment, la construction se comporte bien et l’avenir s’annonce sous de bons auspices grâce :
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au plan de relance et d’investissement
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à la reconstruction des régions touchées par les inondations
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aux crédits hypothécaires avantageux
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aux grands travaux d’infrastructure (Oosterweel, Terneuzen, hôpitaux, écoles...)
Notons cependant quelques points négatifs :
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L’allongement des délais de livraison : 54% des entreprises de construction déclarent connaître une augmentation des délais de livraison des matériaux de construction de plus de deux semaines. 31% parlent même d’un délai de plus de quatre semaines.
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L’augmentation des prix : 5 entrepreneurs sur 10 ont connu des augmentations de prix des matériaux de construction de plus de 15% depuis novembre 2020. 25% ont connu des augmentations de plus de 25%, et 7% des augmentations de plus de 50%.
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Le manque de personnel : pour le moment, nous comptons 18.500 emplois vacants dans la construction. C’est 7.000 de plus qu’il y a un an. Dans le même temps, le nombre de travailleurs détachés a baissé. En 2020, nous comptions en moyenne 38.000 travailleurs détachés dans notre pays. En 2015, ils étaient encore 57.000. Nous avons toujours besoin du détachement, car nous manquons du personnel dans la construction : tant que nous ne parviendrons pas à réactiver les chômeurs et autres inactifs, nous aurons besoin de la main-d’œuvre étrangère.
Cet article est paru dans le Top Construction, qui est disponible en PDF.
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