Le cloud hybride : nouvel idéal ?
Comme toute nouvelle technologie ou tout nouveau modèle de déploiement IT, le cloud computing a longtemps souffert du zèle de fournisseurs trop enthousiastes. Mais le sens des réalités a fini par s’imposer. Aujourd’hui, le cloud hybride donne le ton. Un nouvel idéal ? (Dries Van Damme)
Entre rêve et acte, des lois et des questions pratiques font obstacle ». Une affirmation qui s’applique parfaitement au rêve que les fournisseurs de cloud ont voulu vendre, dans un premier temps, à leurs clients : pouvoir, à terme, héberger tout l’IT (infrastructure, applications et données) dans le cloud. La réalité est différente. Il y a environ un an, le bureau d’études américain IDC a estimé qu’à peine 2 % des entreprises du Benelux utilisaient exclusivement le cloud public. La toute grande majorité (84 %) privilégie une approche hybride qui associe le cloud public, dans une plus ou moins grande mesure, à l’infrastructure locale.
Et ce n’est pas tout : de nombreuses entreprises qui avaient opté à 100 % pour le cloud ces dernières années ont fait marche arrière. Elles avaient surtout été attirées par le modèle de consommation flexible du cloud qui consiste à payer uniquement ce que vous consommez. Vous ne payez donc pas ce que vous n’utilisez pas. Ajoutez à cela l’avantage de ne plus devoir investir dans des serveurs et systèmes de stockage pour disposer des ressources de calcul et de stockage nécessaires. Et vous passiez de l’ancien modèle familier d’investissement IT (capex) au modèle typique d’investissement dans le cloud (opex), plus adapté aux besoins de financement actuels.
Ce qui est bon marché est cher
Bon nombre d’entreprises ont donc considéré le cloud comme un simple moyen de faire des économies. Mais comme le fournisseur de services IT belge Inetum-Realdolmen le souligne : migrer vers le cloud dans le seul but de réduire les coûts est rarement une bonne idée. Un autre fournisseur de services IT, Dustin, d’origine suédoise, abonde dans le même sens. « Après deux ou trois ans, le cloud s’avère plus coûteux que prévu, surtout pour les entreprises en croissance rapide », déclarait récemment Jeroen Van Hyfte, pre-sales consultant chez Dustin Belgique, dans Data News. « Les entreprises décident alors de revenir à leur centre de données sur site. »
Même Nutanix, qui propose aussi des solutions cloud, admet que posséder son propre centre de données ou louer la capacité d’un centre de données avec son propre matériel est tout simplement moins cher. Surtout à l’heure où les fabricants de matériel ont développé, à l’instar des fournisseurs de cloud, des modèles pay-as-you-go pour leurs serveurs physiques. Nutanix recommande donc dorénavant aux entreprises d’aligner leur stratégie sur le cloud hybride et de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier.
Lois et obstacles pratiques
En dehors des considérations financières, et malgré tous les avantages clairs du cloud, il existe d’autres bonnes raisons de rester fidèle au centre de données sur site, ce qui nous ramène inévitablement aux lois et obstacles pratiques. Les données confidentielles doivent idéalement rester sur site. Par souci de conformité, certaines entreprises et institutions publiques choisissent de conserver localement leurs données critiques. Pour d’autres, les données ne doivent surtout pas quitter le pays. La sécurité entre souvent en ligne de compte dans cette décision. C’est parfois aussi une question de continuité des activités. L’exemple classique est celui de l’usine qui se retrouve à l’arrêt en l’absence de connexion internet. Avoir son propre centre de données offre alors une certaine sécurité. Par ailleurs, les entreprises conservent souvent leurs données sur site parce qu’elles préfèrent en contrôler elles-mêmes la sécurité. Elles évitent donc de placer leurs précieuses données dans le cloud public.
Outre les obligations ou restrictions légales et les questions de sécurité, la migration vers le cloud rencontre parfois des obstacles pratiques. Certaines données et applications ne sont pas encore prêtes pour le cloud. Bon nombre d’anciennes applications ne peuvent tout simplement pas être transférées vers le cloud public. Ces applications essentielles ont été développées sur mesure pour l’entreprise, mais pas dans l’optique du cloud.
Un processus progressif
Il existe bien sûr aussi de bonnes raisons de (continuer à) opter pour le cloud. 38 % des entreprises du Benelux interrogées par IDC ont ainsi migré vers le cloud pour moderniser leurs applications. Mais cette migration ne se fait pas du jour au lendemain, avec des applications qui fonctionnent localement et qui, l’instant d’après, se retrouvent totalement dans le cloud. Ce processus est plus ou moins lent en fonction de l’application.
Un quart (26 %) des entreprises sondées dans le Benelux sont passées au cloud pour accroître leur résilience et leur sécurité. Ainsi, le cloud public est particulièrement bien adapté à la reprise après sinistre et à la restauration des données et infrastructures essentielles après un grave incident IT. Un autre quart (24%) a fait le choix du cloud pour des raisons d’agilité et d’efficacité accrues des activités. Les secteurs confrontés à des pics de charge sont parfaitement capables de les absorber en puisant temporairement des ressources de calcul et de stockage supplémentaires dans le cloud.
Les défis ne manquent pas
S’il est inutile de se débarrasser radicalement d’une infrastructure sur site, les entreprises peuvent s’appuyer calmement et avec cohérence sur leurs investissements antérieurs dans les centres de données. Dans le même temps, elles peuvent profiter des nombreux avantages du cloud et préparer progressivement leur environnement IT pour le futur. C’est le principe et la promesse du modèle de cloud hybride, qui semble être devenu petit à petit la norme dans le paysage IT actuel. L’un des principaux défis de la transition vers le cloud hybride est la complexité qui l’accompagne.
Inetum-Realdolmen compare le développement et le déploiement d’un tel environnement IT hybride avec l’assemblage d’un puzzle, pour la bonne raison qu’on n’a pas toujours une vision claire de la situation globale. Pour résoudre ce problème, l’intégrateur IT avance l’idée d’une infrastructure hyperconvergée (HCI). Celle-ci rassemble tous les composants nécessaires du centre de données – ressources de calcul, de stockage, de mise en réseau et de virtualisation – dans une plateforme logicielle unifiée et facile à gérer. Tout est en effet géré depuis un panneau de commande central, ce qui permet d’automatiser ou de simplifier bon nombre de processus et fait gagner un temps précieux au département IT. Le matériel nécessaire est en outre moins important qu’avec une gestion de tous les composants sur des serveurs distincts. Cette approche vous coûte donc moins cher. Ajoutez-y la flexibilité et l’évolutivité améliorées de la HCI et vous obtenez une solution qui permet aux entreprises de franchir le pas du cloud hybride de façon maîtrisée.