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La lutte contre le gaspillage alimentaire comme moteur

Pendant le Smart Production Day en octobre, des dizaines d’acteurs industriels belges ont partagé leurs expériences et leurs meilleures pratiques en matière d’innovation et de systèmes de production Lean. L’entreprise alimentaire Vandemoortele figurait parmi les participants. « Des techniques de production durables et intelligentes sont des piliers essentiels de notre organisation », affirme Pepijn Verhaeghe, Operational Excellence Manager. (Dimitri Dewever)

Cela fait deux ans déjà que Vandemoortele est nommée Factory of the Future. Ce prix ne peut être décerné qu’à des entreprises de production orientées vers l’avenir qui utilisent des technologies de pointe pour améliorer leurs processus de production et les rendre plus durables. Le leader européen des produits de boulangerie et des huiles et graisses culinaires rejoint ainsi d’autres usines du futur, parmi lesquelles Bosch, Duracell et Colruyt. Lors du Smart Production Day, Vandemoortele a partagé plusieurs idées inspirantes sur sa stratégie de production ‘Lean’. Son objectif ? Lutter contre le gaspillage, optimaliser le rendement et réduire les coûts.

Vandemoortele Izegem est Factory of the Future : pour quelle raison la plus grande et la plus ancienne de vos usines est-elle prête pour l’avenir ?

Pepijn Verhaeghe (Operational Excellence Manager chez Vandemoortele) : « L’automatisation assure évidemment l’efficacité de notre processus de production. Nous utilisons notamment des robots de production, des VGA (véhicules à guidage automatique) pour déplacer les produits et nos transitions sont automatisées. Mais toutes ces technologies ne sont vraiment intelligentes que si elles sont pilotées par une stratégie adaptée. Investir dans des solutions intelligentes, c’est une chose, mais il est tout aussi important au moins de s’assurer qu’elles restent ajustées. Nous y veillons, par exemple, avec une planification des actifs à long terme, qui nous permet de connaître les coûts de la maintenance de nos systèmes, mais aussi avec le support d’un service technique. L’automatisation seule ne génère aucune valeur client supplémentaire. »

Pour alléger le travail d’opérateurs humains, vous utilisez aussi des cobots. Comment fonctionnent-ils et pourquoi Vandemoortele mise-t-elle sur eux ?

Pepijn Verhaeghe : « Ces cobots alimentent surtout le début des lignes de remplissage de margarine avec des barquettes vides. Cette tâche est lourde sur le plan ergonomique et, de plus, les opérateurs devaient l’effectuer en même temps que d’autres activités. Les cobots prennent les barquettes vides dans des boîtes qui se trouvent sur une table et ils remplissent la machine. Lorsque la boîte est vide, ils évacuent aussi les emballages en carton et en plastique. L’important est d’avoir impliqué les travailleurs dans la mise en œuvre des cobots. Comme ce sont eux qui se chargent de ces tâches au quotidien, ils donnent un feedback très utile. Et cette approche permet d’obtenir l’adhésion des collaborateurs à l’utilisation des cobots. Parce qu’ils ont été étroitement impliqués dans le processus, ils ne voient pas ces cobots comme une menace pour leur emploi, mais comme un plus pour leur travail. »

Quelle est l’importance de la cocréation avec des partenaires et des fournisseurs dans un trajet d’innovation ?

Pepijn Verhaeghe : « Essentielle et incontournable, selon moi. Nous avons développé ces cobots, par exemple, avec une société d’Erpe-Mere. Il n’existait pas de solution prête à l’emploi. Par définition, une entreprise innove sur mesure pour répondre à ses objectifs, ses processus de production et ses ambitions. La lutte contre le gaspillage alimentaire est un moteur important dans notre processus de production. En optimalisant la production et en misant sur un stock minimal, nous diminuons aussi la consommation d’énergie et nous réduisons d’un seul coup l’empreinte écologique de nos produits finaux. »

Que diriez-vous à des PME qui veulent rendre leur entreprise et leurs processus plus innovants ? Comment peuvent-elles s’y prendre judicieusement ?

Pepijn Verhaeghe : « Nous travaillons, par exemple, avec des équipes plus petites et chacune d’elles peut développer des innovations dans son domaine de façon autonome. Vous faites ainsi de l’entreprise un cadre sûr pour tester des nouveautés, sans que de gros investissements soient tout à coup nécessaires. Si cela ne marche pas, l’initiative permet généralement de tirer de nombreuses leçons, surtout sur la manière de mieux faire. Mais si cela marche, nous voyons alors comment cette innovation peut être appliquée à plus grande échelle. Avec un minimum de risques, il est ainsi possible de tester de nouveaux concepts, techniques et solutions. »

Pourquoi avez-vous participé au Smart Production Day : est-ce pour montrer le profil innovant de votre entreprise au monde extérieur ?  

Pepijn Verhaeghe : « Pour nous, cette participation n’est certainement pas une simple campagne de promotion. Nous y voyons une belle occasion d’inspirer d’autres entreprises et d’apprendre les uns des autres. Dans leur quête d’expertise, beaucoup d’entreprises cherchent traditionnellement à disposer de consultants en interne. Mais l’inverse est également possible : depuis plusieurs années déjà, nous envoyons nos collaborateurs dans d’autres entreprises alimentaires pour apprendre. En communiquant ouvertement avec d’autres acteurs du marché et en comparant avec d’autres entreprises, il se produit un transfert de connaissances très précieux. Nous pensons que les efforts relatifs à la durabilité en particulier sont une responsabilité partagée. Il est aussi important d’insister sur le fait qu’un trajet d’innovation n’est jamais terminé, mais doit rester perpétuellement en mouvement. L’échange des meilleures pratiques est très utile à cet égard. »


3 tendances technologiques

Des systèmes de production intelligents qui prennent en compte l’aspect humain, la digitalisation et les processus intelligents : tous ont été scrutés par plus de 200 participants lors du récent Smart Production Day. Geert Jacobs et François de Hemptinne, de la fédération Agoria co-organisatrice de l’événement, décrivent trois tendances qui les ont marqués.

1. Paperless

« De plus en plus d’entreprises travaillent presque entièrement de façon numérique, sans factures, bons de commande, fiches de salaires et autres sur papier. Les PME adoptent aussi pleinement cette tendance. Les sociétés utilisent de plus en plus de solutions de traitement des données pour automatiser certains processus administratifs. »

2. Intelligence artificielle

« En l’absence d’une stratégie adéquate, 70 pour cent des projets de digitalisation échouent. Avec des analyses de données intelligentes en temps réel, les entreprises peuvent renforcer leur politique. L’IA devient un élément de plus en plus présent dans l’OEE (Overall Equipment Effectiveness). L’intelligence artificielle peut contribuer à faire tourner les machines à pleine vitesse, sans panne, pause superflue ou perte de qualité. »

3. Lien avec l’humain

« Lorsqu’elles mettent en œuvre des innovations technologiques, les organisations se montrent de plus en plus attentives à leur impact sur leurs collaborateurs. Il est désormais fréquent que les travailleurs soient impliqués dans ces trajets, des efforts manifestes sont fournis pour que tous adhèrent au projet et une attention plus ciblée est réservée aux formations correspondantes. Ainsi, les travailleurs sont sensibilisés davantage encore à leur valeur ajoutée. »


Cet article est paru dans le Top Industrie, qui est disponible en PDF.

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