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La 5G et le Wi-Fi 6 peuvent-ils être complémentaires ?

Apparus presque simultanément, la 5G et le Wi-Fi 6 sont deux nouvelles normes de communication pleines de promesses : transfert de données plus rapide et plus volumineux, délai raccourci, moins de problèmes avec d’autres appareils... Mais ces promesses sont-elles bien réalisables ? Ces technologies pourront-elles se compléter ou seront-elles en conflit permanent ? (Frans Godden) 

Dans son rapport ‘5G and Wi-Fi: Charting a path towards superior indoor connectivity’, le géant des télécommunications Ericsson ne laisse planer aucun doute : les deux nouvelles normes sont technologiquement supérieures à leurs prédécesseurs et chacune a un rôle spécifique à jouer dans les réseaux d’aujourd’hui et de demain. Chaque technologie a ses points forts et peut constituer la solution idéale pour une situation particulière. Les deux ne doivent donc pas être considérées comme concurrentes, mais comme des solutions juxtaposées, chacune présentant de nombreux avantages en fonction de l’environnement. Une chose est sûre : elles répondent toutes deux au besoin urgent d’une connectivité plus sophistiquée.

Plus rapide, mais pas seulement

La 5G est plus rapide que la 4G, c’est un fait. Mais elle est tellement plus que cela. Selon l’Union internationale des télécommunications, un réseau 5G est également capable de desservir cent fois plus d’appareils simultanément, de traiter cent fois plus de données par utilisateur et d’avoir un délai de transmission (latence) cinq fois inférieur à la 4G. Autant de qualités qui rendent cette technologie parfaite pour l’Internet des objets (IoT), précisément là où la 4G rencontrerait des difficultés vu l’augmentation spectaculaire du nombre d’appareils IoT.

L’amélioration la plus notable de la 5G est, outre sa bande passante plus large, sa vitesse de transmission : la 4G peut au mieux atteindre 100 Mbps (Mégabits par seconde) tandis que la 5G a un maximum théorique de 10 Gbps (Gigabits par seconde), soit environ cent fois plus. Télécharger un film ou un morceau de musique ne prendra plus que quelques secondes au lieu de plusieurs minutes. Et la latence de la 5G ne représentera qu’un cinquième de celle de la 4G, ce qui est particulièrement intéressant pour les applications où les temps de réponse sont cruciaux, tels les jeux vidéo, la réalité virtuelle et l’IoT. Mais la 5G a aussi des inconvénients. La portée de son signal est plus courte et celui-ci peut être davantage perturbé par les bâtiments et les arbres que celui de la 4G. Les smartphones équipés de la 5G auront également besoin de batteries plus puissantes.

FWA et Wi-Fi 6

La 5G a pour nouveauté qu’elle permettra de travailler avec l’accès fixe sans fil (FWA ou Fixed Wireless Access), une méthode alternative qui permet aux ménages et aux entreprises d’accéder à Internet sans fil et sans câble. Le concept n’est pas nouveau, mais il a rencontré peu de succès jusqu’à présent parce qu’il n’était pas vraiment efficace en raison des faibles vitesses et de sa bande passante. A cet égard, la 5G pourrait, selon Ericsson, opérer une révolution ; le géant suédois des télécommunications prévoit en effet que le nombre de connexions FWA, qui a déjà dépassé les 100 millions l’année dernière, fera plus que doubler pour atteindre près de 230 millions d’ici à 2027. Les vitesses que la 5G peut atteindre en font une bonne alternative aux connexions à large bande câblées sur de nombreux marchés (en particulier ceux qui ne disposent pas de la fibre optique).

La 5G devient alors une concurrente directe (ou un complément ?) du Wi-Fi 6, la nouvelle norme Wi-Fi en plein déploiement. Deloitte estime que les entreprises seront plus susceptibles de choisir le Wi-Fi 6 pour un usage interne, les environnements de campus et les connexions fixes, tandis que la 5G sera principalement utilisée en dehors des campus et dans des situations mobiles. Il est clair pour tout le monde qu’il ne s’agit pas de choisir l’une ou l’autre solution, mais bien de les associer. Les deux normes sont techniquement supérieures à leurs prédécesseurs, ont leurs propres atouts et peuvent se compléter parfaitement, comme c’est d’ailleurs le cas depuis des années avec la téléphonie Wi-Fi, qui permet aux utilisateurs de passer des appels via le réseau Wi-Fi, soulageant ainsi le réseau de téléphonie sans fil. Seul problème : si vous appelez par Wi-Fi et que vous sortez de la portée de ce réseau, votre connexion est interrompue — mais c’est là que la 5G pourrait apporter une solution. Selon Stuart Strickland, de Hewlett Packard Enterprise, nous devrions arriver à terme à des services qui passeront aisément du Wi-Fi à la 5G sans intervention humaine et qui pourront être déployés par l’opérateur de réseau à l’aide des mêmes outils.

Coûts/bénéfices

Si la 5G promet une meilleure connectivité pour les consommateurs et les entreprises, les fournisseurs de réseaux vont devoir supporter des coûts supplémentaires pour mettre en place leur infrastructure 5G. Rien de nouveau sous le soleil, puisque le même phénomène avait déjà été observé lors de l’avènement de la 4G. La bonne nouvelle, cependant, c’est que la technologie 5G s’appuie largement sur les réseaux 4G existants, de sorte que les opérateurs de téléphonie mobile n’auront pas à partir de zéro. Selon McKinsey, c’est avant tout le secteur B2B qui bénéficiera de la 5G, avec principalement l’IoT pour utilisateur majeur, ainsi que la numérisation des processus de fabrication. Selon le bureau d’études, le modèle commercial pour les consommateurs n’est pas encore très clair, mais l’augmentation du revenu par utilisateur final devrait être de 20 % environ.

Une chose est déjà claire pour Ericsson : d’ici 2028, lorsque les utilisateurs de la 5G seront plus 5 milliards et que la 4G sera déjà fortement sur le déclin, toute la croissance du trafic de données mobiles proviendra de la 5G, qui assurera alors 60 % du trafic mondial de données sur les réseaux mobiles. La consommation moyenne de données par smartphone, qui atteindra déjà 19 GB par mois cette année, passera à 46 GB par mois d’ici à 2028 (dont 80 % pour le streaming vidéo). D’ici là, les consommateurs auront découvert la 5G.

Parallèlement, les travaux sur la 6G battent déjà leur plein ; il se dit que cette sixième génération, attendue vers 2030, serait jusqu’à cent fois plus rapide que la 5G et aurait des implications majeures notamment dans un contexte industriel (usines intelligentes, chirurgie à distance, télésanté, etc.)

Et le consommateur ?

Pour le consommateur, la 5G implique d’abord l’achat d’un nouvel appareil, les appareils 4G existants n’étant pas compatibles avec la nouvelle norme. L’étude ‘Connectivity and Mobile Trends Survey’ de Deloitte montre que les appareils 5G sont en nette progression, passant de 56 % des utilisateurs en 2021 à 68 % l’année dernière. Notons que les consommateurs sont satisfaits de ce que la 5G peut leur offrir, 9 sur 10 déclarant même qu’elle dépasse leurs attentes. Un quart d’entre eux regardent plus de vidéos en streaming qu’auparavant et sont également tentés par les jeux sur smartphone. En conséquence, la consommation mensuelle moyenne par smartphone est passée à plus de 15 GB l’année dernière, bien que l’enquête montre que ces consommateurs utilisent peu de nouveaux services et se contentent de profiter des vitesses plus élevées. Les fournisseurs de services s’échinent donc à développer de nouveaux services avec des volumes de données illimités, qui devraient inciter les utilisateurs à franchir le pas encore plus rapidement.

En Belgique, le déploiement de la 5G bat son plein, mais tous les fournisseurs de télécommunications ne proposent pas encore d’abonnements 5G. En effet, la couverture est principalement limitée aux grandes villes et à la côte, à l’exception notable de la Région de Bruxelles-Capitale qui, jusqu’au début de cette année, était encore soumise à des normes de rayonnement très strictes (elles ont été assouplies depuis). Selon des chiffres récents de Telenet, plus de 850 sites mobiles offrent actuellement une couverture 5G, la grande majorité d’entre eux étant situés en Flandre, dans et autour des grandes villes telles qu’Anvers, Gand, Genk, Louvain, Malines, Alost, Hasselt, Courtrai et Lokeren. Plus de 260 communes auraient déjà une ou plusieurs antennes 5G actives sur leur territoire. La côte belge bénéficie également d’une bonne couverture, qui atteint déjà près de 85 % dans certaines zones. L’Institut belge des services postaux et des télécommunications (IBPT) estime que 70 % de la population aura accès à la 5G d’ici le 1er septembre de cette année. Si l’on en croit le dernier Mobile World Congress, c’est probablement le secteur des entreprises qui utilisera le plus cet accès.


Cet article est paru dans le Top ICT, qui est disponible en PDF.

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