IT-as-a-Service - Les services sont la norme
Dois-je le fabriquer moi-même ou l’acheter ? C’était autrefois la question clé que se posait toute entreprise désireuse d’investir dans l’IT. Pour formuler la réponse à cette question, elle comparait alors soigneusement ses coûts de développement et de production aux coûts d’acquisition. Aujourd’hui, la question cruciale est devenue : dois-je l’acheter ou le louer ? Et la réponse tourne de plus en plus souvent à l’avantage de la location. Le concept as-a-Service s’impose donc peu à peu comme la nouvelle normalité aussi dans les investissements IT. (Dries van Damme)
Aussi dans les investissements IT, oui. Car ce concept n’est pas vraiment nouveau. Il est déjà très intégré dans d’autres secteurs et domaines d’activité. Il suffit de penser à la popularité du leasing automobile, une formule qui permet de louer une voiture pour une mensualité fixe auprès d’une société de leasing, qui reste propriétaire du véhicule pendant la durée du contrat de leasing. Le prix du leasing inclut généralement un certain nombre de coûts connexes tels que l’assurance, en plus de services supplémentaires comme l’entretien et d’éventuelles réparations. Plus besoin donc pour l’entreprise et le travailleur de s’en charger.
Cette formule du leasing est devenue si populaire que le marché de la consommation l’a aussi adoptée pleinement. Depuis un certain temps déjà, le leasing privé, ou la location d’une voiture à titre privé, connaît un succès grandissant. Et avec des formules comme l’autopartage, dont Cambio est l’acteur le plus connu en Belgique, le concept as-a-Service est poussé plus loin encore. Il se décline en Car-as-a-Service (CaaS) : la voiture en tant que service, qui consiste à payer uniquement l’utilisation proprement dite du véhicule, en fonction du kilométrage et de la durée d’utilisation. Par extension, c’est même toute l’économie partagée, avec ses échanges de services via une plateforme numérique, qui est imprégnée de cet irrésistible principe aaS.
Espace de travail digital
Aujourd’hui, les applications foisonnent pour les entreprises. La formule est également devenue familière dans le facility management. De plus en plus de sociétés n’investissent plus dans des bureaux. Elles louent simplement l’espace nécessaire, assorti d’un ensemble de services généraux, comme le nettoyage et l’accueil.
Le facility management partage généralement de nombreuses interfaces avec la gestion de l’IT et des télécoms. Rien d’étonnant dès lors qu’à l’intersection des deux disciplines, un nouveau service émerge, qui peut considérablement alléger les tâches des facility managers et des ICT managers : Workplace-as-a-Service (WpaaS). À l’instar du travail à domicile et du télétravail, ce service existait déjà depuis longtemps, mais pendant et après la pandémie de coronavirus, il a connu un essor inattendu.
L’explication de ce succès soudain est évidente : le lieu de travail physique, souvent déjà très digitalisé dans l’entreprise, s’est étendu par nécessité au contexte du domicile privé. Il a alors fallu, non seulement digitaliser fortement cet espace de travail à domicile, mais aussi procéder à son installation et à sa gestion de préférence à distance, pour des motifs purement sanitaires.
Les entreprises ont justifié l’effort considérable et les investissements supplémentaires nécessités par l’opération par le constat que le télétravail n’était pas une solution provisoire ad-hoc, mais qu’il était plutôt de nature structurelle étant donné le caractère imprévisible de la pandémie. Au point même qu’après le corona, le télétravail est resté très prisé dans beaucoup de sociétés. Dans le même temps, cet exercice a poussé les entreprises à rechercher sur le marché des solutions pour gérer ce lieu de travail digital à distance, tout en gardant la maîtrise sur les coûts. C’est ainsi qu’elles ont abouti à l’idée du Workplace-as-a-Service.
WpaaS : what’s in a name ?
La digitalisation de l’espace de travail moderne, tant à la maison qu’au bureau, amène désormais les entreprises à confier l’aménagement de cet espace et sa maintenance à un prestataire de services ICT externe. Ce dernier propose le Workplace-as-a-Service sur un modèle pay-per-use transparent.
Le package des services WpaaS accompagne et simplifie tant l’achat et la configuration que la gestion et la maintenance d’outils ICT pour l’espace de travail. Outre les PC, ce sont notamment aussi des imprimantes et d’autres périphériques, des smartphones et des logiciels comme des systèmes d’exploitation et des programmes antivirus. En plus de tout ce matériel et ces logiciels, la formule inclut souvent un certain nombre de services sous gestion, ce qui revient à sous-traiter une partie ou l’ensemble de certains processus d’entreprise : de divers services généraux à l’entretien avec, si nécessaire même, le remplacement des appareils de bureau. Dans la plupart des cas, l’entreprise peut composer elle-même l’ensemble WpaaS de son choix.
Infrastructure de centre de données
Avec le WpaaS, l’impact du concept as-a-Service est directement visible, surtout pour l’utilisateur final sur le lieu de travail. Mais à l’autre extrémité du spectre, dans le centre de données, cet impact ne doit pas être sous-estimé. Dans ce centre de données, la plupart des entreprises jouent déjà les équilibristes. D’une part, elles s’efforcent de déplacer autant que possible leur infrastructure ICT (des serveurs aux systèmes de stockage) vers le cloud, mais d’autre part, elles ne peuvent ou ne veulent pas renoncer entièrement à leur infrastructure locale. Dans certains cas, elles n’y sont même pas autorisées pour des raisons légales.
Il résulte de cet exercice délicat une infrastructure hybride qui, si elle est performante, combine la flexibilité d’un environnement cloud avec les possibilités de contrôle et les garanties de sécurité qui sont généralement offertes par les systèmes physiques dans un centre de données local. Dans la pratique, il subsiste néanmoins d’importants défis qui compliquent la réalisation de cet idéal hybride. Parmi ces défis figurent, par exemple, le besoin d’intégration et la complexité croissante inhérente à la plupart des infrastructures hybrides. Une société qui ne parvient pas à formuler une réponse efficace sur ces points peut voir ses frais de gestion s’envoler.
La bonne nouvelle est que, dans un certain sens, cette réponse existe déjà via le concept Infrastructure-as-a-Service (IaaS). Le service fournit alors un environnement IT hybride parfaitement intégré et transparent. Et il apporte donc aussi la garantie de coûts d’exploitation faibles et d’un modèle de coûts clair. Et c’est précisément là tout l’enjeu pour pratiquement toutes les entreprises. Même s’ils sont ponctuels, de lourds investissements à long terme dans l’infrastructure ICT sapent la capacité de s’adapter rapidement. Or, c’est précisément cette flexibilité dans les usages commerciaux modernes qui fait de plus en plus souvent la différence.
Les Capex font place aux Opex
Les entreprises remplacent de plus en plus leurs dépenses d’investissement ponctuelles (Capex) par des dépenses d’exploitation récurrentes (Opex). Elles préfèrent se procurer les moyens ICT dont elles ont besoin auprès de fournisseurs spécialisés sous la forme d’un service au lieu de les acheter elles-mêmes. Comme elles paient uniquement pour utiliser ces moyens, sur la base d’un prix fixe et sans coûts cachés, elles créent une marge de manœuvre financière supplémentaire et de la flexibilité pour leurs activités.
Désormais, les services de ces prestataires spécialisés vont si loin qu’une entreprise ne doit même plus investir dans une infrastructure pour son propre centre de données. Sous l’intitulé de ‘managed private cloud’, les fournisseurs de services ICT mettent les serveurs et les supports de stockage nécessaires localement à votre disposition dans votre centre de données, où ils se chargent aussi de les gérer pour vous.
Votre entreprise peut alors utiliser cette infrastructure dans son propre centre de données local. De plus, vous appliquez pour ce faire le modèle de consommation Opex, typique pour le cloud, en vertu duquel vous payez uniquement pour ce que vous utilisez. Ainsi, vous obtenez le meilleur de deux mondes : l’expérience totale du cloud dans votre propre centre de données local.
Cet article est paru dans le Top ICT, qui est disponible en PDF.