Exosquelettes - Plus intelligents et plus abordables
Le groupe de recherche Robotics & Multibody Modeling de la VUB dirige depuis un an AugmentX : un centre d’expertise dédié au développement et à la mise en œuvre de cobots et d’exosquelettes. Tom Turcksin, le coordinateur, témoigne des évolutions technologiques et de leur intégration sur le terrain. (Dimitri Dewever)
AugmentX permet aux chercheurs et aux entreprises de tester des cobots, des exosquelettes et des applications. L’exosquelette est un harnais intelligent qui allège le travail physique et prévient les accidents du travail et les arrêts maladie. Les exosquelettes ont considérablement évolué ces dernières années, devenant plus intelligents, légers et accessibles. Autrefois destinés à alléger la charge physique, les nouveaux modèles sont équipés de capteurs et moteurs sophistiqués.
« Les nouvelles tendances visent à détecter les intentions pour permettre une adaptation automatique de l’équipement », explique Tom Turcksin, coordinateur d’AugmentX. « Les exosquelettes actifs augmentent la puissance et renforcent les mouvements naturels sans entraver la liberté de mouvement. » Les opérateurs de chariot élévateur échangeront-ils bientôt la position assise contre la marche avec un exosquelette actif ? Pour Turcksin, on n’en est pas encore là, mais les possibilités d’application sont prometteuses.
Trois à dix fois moins cher
Le prix était autrefois l’un des principaux obstacles. Il y a trois ans, un exosquelette (actif) pouvait coûter la bagatelle de 40.000 euros. Mais les prix se sont démocratisés. Comptez aujourd’hui de 3.000 à 10.000 euros selon la version. Plusieurs facteurs l’expliquent : le progrès technologique d’abord, avec des moteurs et capteurs moins chers et plus performants. L’expansion du marché ensuite, qui permet une production à plus grande échelle. Et la concurrence accrue qui incite les fabricants à innover sans cesse, donnant également aux petites entreprises et indépendants accès à ces solutions.
Tom Turcksin : « En Belgique, les exosquelettes sont surtout déployés dans la logistique pour aider au levage de charges lourdes. Les grands centres de distribution les testent également pour prévenir les maux de dos du personnel. La plupart des exosquelettes actuels aident surtout au maintien prolongé de postures contraignantes. Le secteur automobile les utilise pour les mécaniciens qui travaillent les bras en l’air de façon prolongée. Utilisés correctement, ils ont également un grand potentiel dans la construction. » Dans le secteur agricole, ils pourraient aider les agriculteurs lors de la récolte et la traite des vaches.
Application au cas par cas
Tous les secteurs ne déploient pas les exosquelettes avec la même facilité. Lors de tests menés dans un centre de distribution d’une célèbre marque de dentifrice, seul un travailleur sur six y a trouvé un intérêt. « Cela prouve que la technologie doit encore être mieux adaptée à l’environnement de travail pratique et aux besoins de l’utilisateur – un simple copier-coller ne suffit pas : chaque entreprise requiert une approche sur mesure », souligne Tom Turcksin. Le potentiel des exosquelettes reste globalement méconnu dans les entreprises. « Beaucoup ignorent que cette solution est déjà une réalité abordable. Nous les invitons à tester les solutions chez nous et à découvrir leurs applications potentielles. »
Le fait que les exosquelettes ne soient pas adaptés à toutes les tâches physiques, et encore moins toute l’année, constitue un autre défi. Très efficaces pour le maintien prolongé de postures contraignantes et pour les mouvements répétitifs dans certains cas, ils sont moins appropriés pour les tâches nécessitant variété et flexibilité. Tom Turcksin : « Dans la construction, les exosquelettes assistent les techniciens qui effectuent des tâches en hauteur ou penchés vers l’avant, mais seulement pour certaines actions. Les exosquelettes abordables actuellement peinent à apporter une valeur ajoutée significative à la plupart des tâches, souvent trop variées. Mais il suffit d’un chantier où les travailleurs doivent maintenir les bras en l’air toute une journée pour comprendre l’intérêt des exosquelettes. » Dans l’industrie alimentaire, les règles d’hygiène jouent également un rôle essentiel, nécessitant des modèles spécialisés, lavables et certifiés conformes à un usage alimentaire.
Réunir la recherche et la pratique
Bien que l’avenir des exosquelettes s’annonce prometteur, il faut donc trouver la parfaite adéquation entre exosquelette et application. Capteurs plus intelligents, matériaux plus légers et modèles spécifiques à l’industrie accéléreront encore l’intégration des exosquelettes dans les différents secteurs. Selon Tom Turcksin, au cours des prochaines années, ils seront de plus en plus faciles à utiliser et s’imposeront progressivement dans la logistique, l’industrie et la santé.
AugmentX partage volontiers son expertise avec les tiers. Les entreprises qui souhaitent intégrer des exosquelettes ou d’autres robots dans leur processus de production peuvent participer à des ateliers ou tester des modèles expérimentaux, en bénéficiant de l’accompagnement professionnel et du suivi du laboratoire. Les experts en ergonomie, conseillers en prévention et syndicalistes peuvent aussi obtenir des conseils et des informations. En conclusion, Tom Turcksin lance un appel clair : « Entreprises et chercheurs, soumettez-nous vos questions et vos idées. Découvrons ensemble les domaines dans lesquels les exosquelettes peuvent faire la différence ».