Edito Top Transport - Réaction en chaîne
La force d’une chaîne dépendrait de son maillon le plus faible, mais ce dicton mérite sans doute d’être nuancé. Dans des équipes déséquilibrées, il arrive ainsi que l’élément le plus fort rattrape le point perdu par un autre. Mais il faut tout de même que les maillons solides soient assez nombreux pour maintenir l’ensemble en mouvement. Il existe peu de domaines dans lesquels ce principe se vérifie de façon aussi littérale que dans le secteur de la logistique et du transport routier et maritime. Maillon essentiel de la chaîne d’approvisionnement de nos entreprises industrielles et commerciales. Indispensable pour satisfaire l’appétit des consommateurs de colis.
Nos statistiques montrent que de nouveaux maillons rejoignent la chaîne mais, en plus de l’expérience, ils doivent sans doute se muscler encore avant d’apporter le wattage nécessaire. En 2024, 3.318 sociétés ont été créées. C’est 14% de plus qu’en 2023. Le nombre de cessations est resté quasiment stable (2.812 ou +2%). Parallèlement, la tendance à la hausse s’est poursuivie avec une progression de 40% en comparaison de la période précovid (1.973 en 2019). Idem pour les faillites : 628 en 2024, soit +3% par rapport à 2023 et +26% si nous remontons avant la pandémie. Grâce aux nombreuses nouvelles venues, l’augmentation de la population active (+506) est toutefois plus marquée qu’en 2023 (+155).
Leaders
Comme un peloton de cyclistes, les entreprises ont aussi besoin de leaders. De meneurs qui entraînent les autres et les inspirent. Qui consolident la chaîne tout en la lubrifiant. Ce maillot va comme un gant aux Trends Gazelles dans le vaste pôle du transport. Cette année, nous en comptons 176, qui représentent 7% des entreprises en croissance. Au niveau régional, Anvers prend la tête : 10% des Gazelles de la province sont issues de ce secteur. Plusieurs autres régions suivent à courte distance avec 9% : Limbourg, Flandre orientale, Brabant flamand et Flandre occidentale. Liège et Namur en comptent 8%. Le reste de la liste : Brabant wallon (6%), Hainaut (5%), Luxembourg (4%) et Bruxelles (3%). Sur le critère de la taille, le podium se présente comme suit : PME (9%), grandes entreprises (8%) et petites entreprises (4%).
Tout cycliste sait que l’effet du vent et de la pluie est l’un des facteurs les plus déterminants et incontrôlables de la discipline. Pour les entreprises, ce rôle est joué par le contexte économique et (géo)politique. Dans ce domaine, il arrive parfois que (presque) rien ne se passe pendant des années ou que nous travaillions (trop) lentement mais résolument à résoudre les défis majeurs. Et qu’ensuite, une poignée d’événements, de déclarations ou de traits de plume renversent soudain tout l’édifice. Qui peut encore douter que nous nous trouvions (bloqués) aujourd’hui dans une telle séquence ? Avec des baromètres qui vont dans tous les sens.
Force brute
Tout cycliste sait aussi qu’une chaîne se casse quand elle doit supporter une force excessive, quel que soit le nombre de maillons solides. Et qu’il est préférable que les dents des pignons ne soient pas trop émoussées, sinon il court le risque de dérailler et de chuter lourdement. À moins de rétrograder pour décharger l’ensemble ou de constater à l’entretien qu’un remplacement s’impose. Le contexte international ne manque pas de leaders qui déraillent en ce moment. Ne serait-il pas temps de verser moins d’huile sur le feu et davantage sur la chaîne de transmission du bon sens ? Car de cela dépend dans une large mesure le succès des recettes concoctées pour résoudre les principaux défis. Changer de vitesse ou de direction, quelque part entre la peur et l’espoir quant au sens que prendrait une réaction en chaîne mondiale.
(Tommy Browaeys - Publisher)
Le nouveau Top Transport est paru avec le Trends-Tendances du 20 mars et est disponible en PDF.