Edito Top Digital : Esprit du temps
Quel regard les AI natives porteront-ils sur la période où auront été posées les fondations de la technologie qui est plus que jamais sur toutes les lèvres, les claviers et les écrans ? Y lirons-nous la même incrédulité que dans les yeux de nos enfants quand nous leur racontons que, de notre temps, l’Internet n’existait pas ? Si l’intelligence artificielle ne figure pas dans le business plan, une société vient manifestement d’une autre planète. Même si son intégration n’est pas digne de ce nom et sert surtout à pimenter le pitch stratégique. Les projets se déploient pendant que la technologie se façonne. C’est au fruit qu’on connaît l’arbre.
Devant l’équilibre entre les considérations émotionnelles et rationnelles, certains manquent de s’étrangler, avec le sentiment que nous empilons les briques sans avoir fini de poser ou d’ajuster les fondations. Quand les partisans de la première minute conseillent de lever le pied pour écarter d’abord certains écueils, il y a de quoi s’inquiéter. Car si la base de la pyramide s’effrite, c’est tout l’édifice qui s’effondre. Aux parents qui comparent avec le passé, les enfants répondent sobrement qu’il faut vivre avec son temps. Impressionnés par ce qui est/devient possible sur le plan technologique, on sort vite un joker éthique et sociétal.
En matière de droits d’auteur et de protection de la vie privée, nous n’avons rien à craindre car « ils sont parfaitement respectés », répond ChatGPT. Cela va de soi. En toile de fond du film ‘The Circle’, il y a ce slogan : « Secrets are lies. Sharing is caring. Privacy is theft. » Le film a pour thème la transparence totale et l’interconnexion entre tous les êtres, pour le salut des happy all. Quand le système s’avère être un moyen de contrôler les masses, cela ressemble plutôt à la privacy pyramid au profit des happy few. Un constat à étendre aux nouvelles technologies et aux besognes potentielles qui leur sont confiées ?
Triple A
Au final, tout dépend de qui tire les ficelles car il vaudrait mieux que la technologie intelligente ne tombe pas entre des mains stupides (comprenez : mal intentionnées) puisqu’un code logique n’a pas (encore ?) d’émotions et fait ce que nous lui demandons. L’esprit du temps nous apprend que l’IA est exploitée à la fois pour sauver des vies dans la lutte contre les Grandes Maladies et pour faucher des vies dans les Grands Conflits. Via les réseaux sociaux, l’Intelligence Algorithmique a montré qu’elle n’était pas le chaînon manquant pour une société meilleure. Espérons qu’à l’ère de l’Intelligence Artificielle, il reste assez de place pour l’Intelligence Authentique. Pour la pensée critique et créative, nourrissant l’action de nos compétences humaines distinctives.
Au cœur de cette transition numérique, le secteur livre une belle brochette d’entreprises Triple A : 173 acteurs ICT se nichent dans le giron des Trends Gazelles, soit 7 % du total des entreprises en croissance. Parmi les PME, leur part grimpe à 9 %, contre 7 % dans les grandes sociétés et 4 % dans les petites sociétés. En termes de représentation régionale, le Brabant flamand (13 %) décroche la palme, suivi par Bruxelles (12 %), la Flandre orientale (10 %), le Brabant wallon (10 %) et Anvers (9 %).
Avec des valeurs sûres, des scale-ups et plus de 5.000 start-ups en moyenne par an depuis 2019, le segment numérique devient un mélange de first internet adopters, digital natives et AI natives qui mêlent divers esprits du temps et qui arment les fondations de notre pyramide technologique sur une base sociétale qui continue d’osciller entre la conviction et le doute, l’espoir et la peur, l’intelligence et la bêtise, le bien et le mal. Mais en a-t-il jamais été autrement ?
(Tommy Browaeys - Publisher)
Statistiques secteur ICT
Le Top Digital est paru avec le Trends-Tendances du 23 mai et est disponible en PDF.