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e-Highway : solution intelligente pour décarboner le transport routier

Si cela dépendait de Siemens Mobility, les camions emprunteraient la bande de droite des grandes autoroutes dans un avenir proche grâce à une ligne électrique aérienne et un pantographe. « Plusieurs acteurs européens manifestent concrètement leur intérêt pour cette solution rentable », affirme l’expert en mobilité Toon Wassenberg. (Dimitri Dewever)

Le pantographe n’a évidemment rien de nouveau. En Belgique, les trains électriques sont équipés depuis 1935 pour capter le courant au contact de lignes aériennes. Les trams l’utilisent même depuis 1894. Auparavant encore, des trolleybus s’en servaient pour circuler dans le centre de Bruxelles et Gand, notamment. Cette année, l’entreprise allemande Siemens Mobility équipera 390 trains et cabines de conduite de la SNCB avec un nouveau système de contrôle (ETCS Level 2).

 Train de camions sans voie

Depuis un certain temps déjà, Siemens Mobility travaille également sur le système eHighway pour camions. À cette fin, la société a développé un pantographe intelligent. Sur les camions qui en sont équipés, il détecte automatiquement la présence d’une ligne aérienne et se déplie alors vers le haut. Pour prendre une sortie, exécuter une manœuvre de déplacement ou traverser un pont, le pantographe se replie sur le toit de la cabine. Tout camion hybride, entièrement électrique ou à l’hydrogène peut en être équipé. Pour les essais, la conversion d’un camion au système a coûté en moyenne 50.000 euros. En produisant les systèmes à plus grande échelle, Siemens entend atteindre un prix sur le marché de 10.000 à 15.000 euros.

De Francfort à L.A.

L’installation de lignes aériennes sur des tronçons d’autoroute majeurs augmentera l’autonomie des camions, qui devront s’arrêter moins souvent pour recharger leurs batteries ou faire le plein. « En Allemagne, des tronçons d’essai de l’eHighway ont notamment été aménagés à Schleswig-Holstein et à Francfort autour de l’aéroport, et nous en avons également testés à Los Angeles et en Suède », décrit Toon Wassenberg, expert en mobilité chez Siemens Mobility.

Ces installations ont déjà livré une quantité gigantesque de données et d’observations, qui doivent finalement conduire à un produit commercial au fonctionnement infaillible. Les Pays-Bas et la France montrent aussi de l’intérêt et ont effectué des études de faisabilité récemment. L’Allemagne et la Suède vont déjà plus loin. L’Allemagne veut poursuivre le déploiement du système. Des tronçons équipés de lignes aériennes sur une distance de 50 à 150 kilomètres seront ainsi aménagés à proximité de deux grands clusters d’innovation. D’ici 2030, la Suède construira au moins 2.000 kilomètres d’autoroute électrique pour camions.

Belgique et coût d’investissement

« Notre pays possède un réseau autoroutier très dense, qui relie parfaitement des ports, des zones industrielles et des centres logistiques. Il rend la Belgique particulièrement adaptée à cette solution », souligne Toon Wassenberg. 95 pour cent des terrains industriels en Flandre sont situés à moins de 25 kilomètres d’une autoroute. Quelques dizaines de kilomètres de lignes aériennes, soigneusement choisis, suffiraient déjà pour toucher un grand potentiel de camions. « Autour du port d’Anvers, par exemple. »

Le coût d’investissement moyen par kilomètre d’eHighway dépend du nombre de camions qui l’empruntent. Plus de camions implique un apport d’électricité supplémentaire, plus de sous-stations qui transforment la haute tension, et donc un coût plus élevé. « En moyenne, nous nous situons actuellement à un million d’euros d’investissement par kilomètre aménagé », dit Toon Wassenberg. « Il s’agit évidemment d’un montant non négligeable, mais le retour sur investissement en termes d’émissions de CO2 et NOx et les économies réalisées ainsi dans les soins de santé font de cette dépense un investissement intelligent. » Si un camion de 40 tonnes parcourait 100.000 kilomètres par an sur une eHighway, son propriétaire économiserait 16.000 euros de carburant. « Ce serait intéressant, par exemple, pour les détaillants ou les transporteurs qui travaillent dans nos zones portuaires », conclut Toon Wassenberg.


Cet article est paru dans le Top Transport, qui est disponible en PDF.

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