Des Delhaize indépendants investissent des millions en rénovation
Lors du conflit social qui a secoué Delhaize en 2023, les magasins franchisés ont été plus d’une fois la cible de critiques négatives. Simultanément et en différents lieux, des familles d’exploitants indépendants ont mis un coup d’accélérateur et ont réaménagé leur AD Delhaize franchisé. « L’image des magasins indépendants véhiculée par les syndicats m’a blessé ». (Wouter Temmerman)
« Nothing happens unless first a dream ». Cette citation, qui nous saute aux yeux dès notre arrivée dans l’AD Delhaize de Merelbeke, accompagne la photo de Marc Clinckspoor, l’exploitant du supermarché décédé en 2009. M. Clinckspoor rêvait d’un Delhaize indépendant fort dans le centre de sa commune et, au cours des années précédant sa mort soudaine, il avait élaboré un plan directeur. « Il a acheté des maisons et des terrains voisins », explique sa fille Elizabeth Clinckspoor, qui gère aujourd’hui le magasin avec son mari, Tom Neyt. « Mon père avait une idée précise du magasin qu’il voulait créer. Après quelques années, ma mère et moi avons décidé de nous engager pleinement dans ce plan et nous constatons aujourd’hui que c’était le bon choix. » Après une première rénovation il y a treize ans, une deuxième série de rénovations assez complètes a suivi en 2023 : une surface de vente agrandie à 2.150 m², un nouvel agencement, une gamme de produits élargie axée sur l’offre de repas frais, de nouveaux frigos, un espace d’entreposage plus grand, des ateliers plus vastes, de nouvelles places de stationnement, des panneaux solaires supplémentaires sur le toit et des bornes de recharge électrique. Les rénovations ont représenté un investissement de quelque 4 millions d’euros.
À peine 20 kilomètres plus loin, l’AD Delhaize de Nederename a suivi une même dynamique. À peu près au même moment, Marnix Vanden Hautte, exploitant indépendant, a agrandi la surface de vente de son supermarché à 3.000 m², faisant de ce magasin situé près d’Audenarde le plus grand AD Delhaize franchisé du pays. Lui aussi a investi plusieurs millions dans un réagencement complet, avec des allées plus larges, plus de produits locaux, un plus grand rayon de produits frais, de nouveaux frigos, un espace d’entreposage supplémentaire et un parking.
Des entreprises familiales décisives
Outre les projets des familles Clinckspoor (troisième génération) et Vanden Hautte (deuxième génération), l’année 2023 a également vu la présentatrice radio Kim Van Oncen et son frère Tom (troisième génération) entamer la construction d’un nouveau Delhaize à Putte-Kapellen. Et tout cela au cours d’une année où le conflit social a fait rage chez Delhaize, les syndicats ayant à plusieurs reprises terni l’image de la franchise. Marnix Vanden Hautte explique le besoin de croissance par l’évolution du marché. « Rien qu’à Audenarde et dans les environs, il y a 10 à 15 supermarchés », explique-t-il. « Avec Jumbo, un autre nouveau venu a fait son apparition. On sait qu’on doit jouer sur nos points forts et, dans notre cas, il s’agit de la qualité de l’offre. Pour fournir l’offre nécessaire, il faut de l’espace, et c’est ce que nous avons créé avec ce réaménagement. Avec mon fils Frederik, la troisième génération se tient prête. Je pense qu’il est important, en tant que gérant, de laisser derrière soi un magasin prêt pour l’avenir. »
L’AD Delhaize de Merelbeke aussi a joué explicitement la carte de la qualité, en privilégiant des produits que l’on trouve peu dans d’autres supermarchés et en misant sur son propre rayon traiteur. « Tant pour les aliments frais que pour les aliments secs, nous nous distinguons par une offre plus étendue que l’offre standard de Delhaize », indique Elizabeth Clinckspoor. « Il y a quelque temps, l’introduction de produits sans gluten ou internationaux, par exemple, a rencontré un certain succès et a attiré les clients. Aujourd’hui, nous constatons que le rayon traiteur est également devenu un pôle d’attraction important. On sait qu’il est judicieux d’investir dans plus d’espace pour une telle offre. »
Des syndicats dénigrants
Un bon mois et demi après les rénovations, les deux magasins tirent un bilan satisfaisant. Les commentaires sont positifs et les chiffres de vente sont bons. « Mais ça ne coule pas de source », nuance Marnix Vanden Hautte. « Au début des années 1980, j’ai acheté ce terrain et j’ai contracté un crédit pour construire le magasin. En tant qu’entrepreneur, on sait qu’on prend un gros risque, on n’a pas trop le droit à l’erreur. D’un autre côté, en tant qu’exploitant indépendant, on a la liberté d’agrandir le magasin. » À Merelbeke, Tom Neyt est du même avis. « Si vous êtes prêt à travailler dur, la franchise n’a que des avantages », déclare-t-il. « En tant qu’indépendant, on veut toujours faire mieux et nous avons toujours cru au potentiel de ce magasin. Bien sûr, cela implique des responsabilités, surtout envers ses travailleurs. »
Les AD Delhaize de Merelbeke et de Nederename travaillent chacun avec une équipe fixe d’un peu moins de 50 travailleurs, complétée par des étudiants ou des flexi-jobistes. Tous deux indiquent pouvoir compter sur des travailleurs très loyaux. « Nous prenons soin de notre personnel », insiste Marnix Vanden Hautte. « La façon dont les syndicats ont parlé des magasins franchisés m’a blessé. Nous payons nos collaborateurs aussi bien qu’un Delhaize intégré et formons un groupe solide. Oui, à cet égard aussi, nous avons tout d’une entreprise familiale. »