5G - A la veille d’une nouvelle révolution

Citymesh figure assurément parmi les participants les plus marquants de la sixième édition d’ABISS, le salon de réseautage pour l’industrie numérique, intelligente et connectée. Son CEO, Mitch De Geest, confie comment sa société a réussi à devenir le premier opérateur belge pour la 5G. Il décrit également les avantages qu’offrira prochainement la 5G aux entreprises. « D’ici quelques années, cette technologie de transmission ultrarapide des données mobiles donnera un grand coup d’accélérateur aux PME. » (Dimitri Dewever)

D’abord patron d’un magasin d’informatique à Blankenberge il y a vingt ans, qu’il transforme en fournisseur de réseaux mobiles pour les administrations communales, puis premier détenteur officiel d’une licence 5G en Belgique à la tête de Citymesh, une société encore relativement obscure sur le marché : la carrière de Mitch De Geest n’a rien du parcours classique de l’entrepreneur. « Notre licence 5G résulte de la capacité d’anticiper le marché, d’un coup de poker réfléchi et d’une bonne dose de chance », raconte le CEO, qui décrit Citymesh comme « l’outsider des opérateurs 5G en Belgique ».

Du wifi à la 5G

En 2015, Citymesh avait eu la possibilité d’acheter via l’IBPT, le régulateur des télécommunications, un spectre de fréquences destiné à WiMax, une technologie très prometteuse à l’époque mais qui n’a finalement jamais rencontré le succès escompté. « Nous voulions utiliser ces fréquences sous-exploitées pour relier à l’Internet les bornes wifi que nous avions installées dans plusieurs villes et ce, sans partenaire ni intermédiaire », explique Mitch De Geest. « Proximus, Telenet et Orange n’étaient pas intéressées par ces fréquences et, finalement, ce spectre nous a été attribué sans enchères pour une durée de dix ans. »

Quand le régulateur européen a décidé deux ans plus tard de réserver et transformer ces radiofréquences spécifiques pour le déploiement de la 5G, Citymesh décrochait le gros lot. Mitch De Geest : « Du jour au lendemain, nous sommes devenus le seul détenteur d’une licence 5G du pays. » Les réseaux sans fil développés aujourd’hui par Citymesh pourront être convertis en un tour de main pour cette technologie de transmission ultrarapide des données dès que l’infrastructure 5G sera opérationnelle en Belgique. « Il suffira alors d’effectuer une mise à jour du logiciel chez nos clients », dit-il.

Réseaux mobiles privés

Avec sa technologie 5G, Citymesh ne vise pas le marché des particuliers, mais se positionne comme un opérateur industriel. Parmi son public cible figurent notamment des acteurs logistiques, des infrastructures de production, des hôpitaux, des ports et aéroports, des campus universitaires, des halls de foire et autres organisations qui ont besoin d’une connectivité sans fil ultrarapide et fiable. Des réseaux mobiles privés donc. « Par exemple, pour le pilotage de robots dans des usines, la conduite de véhicules autonomes, la réalisation d’interventions médicales à distance, le suivi des stocks, etc. », explique Mitch De Geest.

La 5G permettra aussi aux PME d’accéder à de nouvelles applications innovantes, avec capteurs et appareils intelligents. Ainsi, des espaces de bureaux pourront proposer un réseau 5G privé au lieu du wifi, de façon à multiplier la vitesse de transmission des données et des fichiers volumineux. « Dans les espaces de stockage et les entrepôts, les systèmes de scannage pourront bientôt tous opérer via la 5G au lieu d’une combinaison de Bluetooth, wifi et RFID », précise Mitch De Geest. « Le contrôle et la commande d’appareils à distance seront aussi beaucoup plus rapides et fiables avec la 5G. Et plus sécurisés : je pense notamment au pilotage de grues et autres engins dangereux. »

Lien avec l’IA et le cloud

Toute entreprise peut donc tirer profit de la 5G. Mais ce seront probablement d’abord les plus grandes sociétés qui adopteront cette technologie à court terme. « N’oublions pas non plus que, grâce à la 5G, nous verrons se développer dans les prochaines années un vaste écosystème de start-ups et de PME qui élaboreront et commercialiseront des innovations pour la 5G », souligne Mitch De Geest.

Il prédit également une profonde révolution lorsque les solutions 5G seront reliées à l’intelligence artificielle et aux applications dans le cloud. « Grâce à l’envoi ultrarapide (5G) de masses de données vers une puissance de calcul considérable en ligne (cloud), les entreprises accéderont en temps réel à des analyses et des prévisions intelligentes (IA). » Citymesh voit donc la 5G comme un accélérateur pour l’IA et les applications dans le cloud. « Nous sommes à la veille d’une nouvelle révolution », conclut fermement le CEO.

Tendances numériques émergentes

La 5G n’était plus la seule innovation technologique placée sous les projecteurs lors du salon ABISS. Même s’il est clair que de nombreux fournisseurs et sociétés se préparent actuellement à cet énorme bond en avant. Les applications industrielles de l’Internet des Objets se multiplient également. Ainsi, des capteurs mesurent et enregistrent toutes sortes de données, qu’ils combinent à des données déjà disponibles issues de la production, afin d’alimenter un système de contrôle ou d’étayer des décisions par des analyses intelligentes et l’IA. « Les ensembles logiciels qui soutiennent le processus de production pour des PME ont aussi le vent en poupe », relève Alain Wayenberg, Business Group Leader Manufacturing Industry chez Agoria.

« Il y a quelques années encore, les solutions Manufacturing Operations Management (MOM) étaient principalement développées par et pour de grandes entreprises. Désormais, des acteurs belges de taille plus modeste comme Brighteye, Objective, Ometa, 24Flow et beaucoup d’autres ont démontré leur capacité d’innover en la matière. » Les solutions Digital Twin étaient également omniprésentes au salon. Et c’est logique car, dans leur transition vers l’Industrie 4.0, les sociétés utilisent de plus en plus souvent des jumeaux numériques pour des applications diverses. Via des répliques logicielles, ils leur apportent une nouvelle compréhension du fonctionnement d’un produit, d’une machine ou même d’un immeuble entier, et ils servent à des fins d’optimalisation.

De toute évidence, la crise sanitaire a aussi servi de catalyseur pour le développement et la mise en œuvre de solutions numériques destinées aux entreprises. Cet essor est très clair dans la cybersécurité notamment. « Les sociétés doivent de plus en plus en tenir compte pour protéger leur production. » Alain Wayenberg appelle donc toutes les PME à investir suffisamment dans ce domaine dès aujourd’hui et demain.

Cet article est paru dans le Top Industrie, qui est disponible en PDF.

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